Le tourbillon de la vie

 

 

Naître, vivre et mourir : une vie, des vies, dont on tirerait la quintessence, qu’elles soient imaginaires, historiques, humaines ou non. Le procédé me plait tellement qu’il n’en faudrait plus beaucoup pour faire un album complet sur ce concept.

Des bouchons et des boutons

 

Tu suis le halo lumineux
Avant un saut vertigineux
Bouchon muqueux

Puis on te bouchonne à fond
T’habille d’un body trognon
Bouton pression

Si je devais résumer
J’parlerais p’t’être de boutons
Mon p’tit bouchon
Si je devais résumer
Je f’rais une collection
De bouchons et de boutons

Tu barbotes dans le bain le soir
Tu fais des risettes au miroir
Bouchon d’ baignoire

3 ans tu entres à l’école
Pipi, Copain, morve, ça colle
Bouton d’rougeole

Entre copains faut pas êtr’ pleutre
Le plus simple est d’suivre la meute
Bouchon de feutre

Puis vient le collège, le lycée
De bécasses en bêtas coincés
Bouton d’acné

Y’a des produits que tu essayes
T’es pas toujours frais de la veille
Bouchon d’oreille

C’est sûr un jour y faut qu’tu oses
T’adonner enfin à la chose
Bouton de rose

Refrain

 

Tu tentes le saut à l’élastique
Tu campes dans des endroits mystiques
Bouton d’moustiques

Un jour tu te trouves une compagne
Pour un mariage à la campagne
Bouchon d’champagne

Tu as toi-même des rejetons
Qui font le Bronx dans le salon
Guerre des boutons


Descendre la poubelle, c’est fait,
On se répartit les corvées
Bouchon d’évier

Boulot, vient le temps du labeur
Tableur, sueur et directeur
Bouton power

Tu patientes derrière un camion
Même les vacances ça peut êtr’ long
Dans les bouchons

Refrain

Tu enchaines les mois les années
Tu te fais plaisir sans excès
Bouchon lyonnais

Jeune sénior, tu fais tes valises
Tour-opérator à Venise
Bouton d’chemise

Tu commences à compter les heures
Téléviseur, pêcheur, scrabbleur
Bouchon flotteur

Tu défies le coquin de sort
Boutons dehors les remords
Des boutons d’or

T’atteins le stade terminal
Tes artères poussent un dernier râle
Bouchon fatal

Dès ton dernier souffle on t’apprête
Ça finit dans une tombe discrète
Bouton d’manchette

Si je devais résumer
J’parlerais p’t’être de boutons
Mon p’tit bouchon
N’empêches, profites à fond
Ça fait une sacrée collection
De p’tits boutons
Ça fait une sacrée collection
De p’tits bouchons



Noces de rêve

De noce en noce, on peut aller au moins jusqu'à 80 (cf. Wikipédia). En italique : toutes les matières issues de cette liste.

 

A peine 20 ans
2 jeunes amants
Discutent mariage
Et bonheur sans nuage

Dès nos noces de coton
Ouateux comme des cann’tons
Nous louerons une maison
Pour loger les soupirs
De nos noces de cuir
Et nos corps assouplir

A nos noces de froment,
Comme le bon grain gourmand
Naitra l’premier enfant
Qui va rire et forcir
Et nos nuits raccourcir
Jusqu’aux noces de cire

Même quand bon sang de bois
A la pêche à l’emploi
Porte-monnaie aux abois
A nos mains nos mitaines
Nous tricot’rons la peine
De nos noces de laine

Reviendra l’été chaud
Des noces de coqu’licot
Rouge de nos bécots
Et des chocs de confiance
Testant la résistance
De nos noces de faïence

10 ans déjà l'étain
Du grand plat à gratin
Aura un peu déteint
Sur la soie du salon
Dont les muguets faneront

Sous une chape de plomb


Sur des notes de cristal
Notre vie maritale
Duo instrumental
Restera virtuose
Tout en métamorphose
Comme éclosent les roses

Voyages en mer d’Iroise
Vers des eaux bleu turquoise
Loin de nos terres gauloises
Crise de la quarantaine
Nous craquèl’rons les chaines
Des noces de porcelaine

Pour nos noces d’opale
Au petit matin pâle
On réveill’ra tripal
Nos purs émois mutins
Nos plus coquins instincts
Enroulés de satin

Comme file l’argent
Le temps est astringent
Nous rendant indigent
Et nous couple de merles
Querelleur Clochemerle
De nos noces de perles

Quand les enfants partis
Libres de nos lubies
Point d’ambre ou de rubis
Mais verts comme des reines-claudes
Quoique la retraite rôde
Vers nos noces d’émeraude

Nous jouirons des merveilles
D’un hiver au soleil
Et des cartes vermeil
Des odeurs de lavande
Cèdres et d’amandes
Dans notre sarabande

Est-ce que nos noces d’or
Nous amèneront au bord
De nos vies de la mort
Ou bien très vénérables
Nous murirons aimables
Tels deux stables érables

Noueux comme l’olivier
Regard de l’épervier
Nous viendrons à convier
A nos noces de diamant
En un grand ralliement
Nos nombreux descendants

Presque ivoire presque cendres
Mais moqueurs des Cassandres
Immortel palissandre
Valentin valentine
Parfum jasmin routine
Jusqu’aux noces de platine

Il faudra plein d'emplâtres
Arrêter de se battre
Et choisir ou l’albâtre
Ou des planches d’ébène
Pour enterrer le chêne
De nos noces doyennes



Procrastinateur

Ce texte, mis en forme à l'occasion d'un concours  de chanson en direction du jeune public dans le cadre du Fest'Hiver (Maison de Beaucourt + Canton du Jura suisse), dérive d'un autre texte "pour les adultes" et existe donc en 2 versions sur la même base mélodique.

 

Je vais vous raconter la vie
D’un garçon tout décalé
Il souffre d’une maladie
Il veut toujours repousser
A demain ce qu’il peut faire aujourd’hui
Le diagnostic du docteur
C’est un procrastinateur

Un quoi ?
Un PRO-CRAS-TI-NA-TEUR
- Comment tu dis ?
- Un type qui r’pousse toujours à demain ce qu’il peut faire aujourd’hui

Un pro cra cra cra pro cra cra cra procrastinateur

Haut de 50 centimètres
Il a hésité à naître
Dans le ventre de sa mère
Il n’avait pas de fenêtre
Mais sentait que c’était l’hiver
Et lui tellement bien dedans
Il attendait le printemps

Et pourquoi naître aujourd’hui
Demain ce s’ra bien aussi
Car c’est un quoi ?

Un pro cra cra cra pro cra cra cra procrastinateur

Il a fêté ses 3 ans
Mais ses parents sont inquiets
Il est comme un éléphant
Assis dans son parc à jouet
Sans ni marcher ni parler
Car sur ses pieds c’est risqué
Et les mots c’est compliqué

Pourquoi s’bouger aujourd’hui
Demain ce s’ra bien aussi
Car c’est un quoi ?

Un pro cra cra cra pro cra cra cra procrastinateur

6 ans il va à l’école
Il a un problème le soir
Car la maîtresse elle est folle
Elle lui donne plein de devoir
Mais il traine tant qu’à la fin
Quand trop tôt vient le matin
Il s’ra puni c’est certain

Pourquoi l’école aujourd’hui
Demain ce s’rait bien aussi
Car c’est un quoi ?

Un pro cra cra cra pro cra cra cra procrastinateur

Amoureuse mais pressée,
Une fille lui a demandé
Combien de temps vais-je attendre
Qu’un bisou tu viennes prendre ?
Il y a bien réfléchi
Finalement il lui a dit…

- Si on en parlait (jour suivant) »
- Mais (jour suivant), c’est demain ?!

 

Oh oui demain ce s’ra bien (2x).
Car c’est un quoi ?

Un pro cra cra cra pro cra cra cra procrastinateur

Il est devenu très vieux
Déjà 90 ans
La mort impatiente veut
L’emmener au firmament
Il lui dit non pas question
Je prends le prochain wagon
Je procrastine pour de bon

Pourquoi mourir aujourd’hui
Demain ce s’ra bien aussi



Musa

Musa est un personnage historique qui a réellement vécu aux alentours de l'an 0 entre les empires romain et surtout parthe : esclave offerte par Auguste au roi parthe à l'occasion d'un traité de paix, elle est l'archétype du "cadeau empoisonné" ! Elle séduit le roi, l'empoisonne pour le remplacer par son fils mineur avant d'épouser ce dernier... et de se faire trucider avec lui.

 

Cadeau en signe d’amitié
Ou bien cadeau empoisonné
Musa, esclave, fut donnée
Par Auguste le bien nommé
Au roi des Parthes Phraates
Un tyran de la pire espèce

Ainsi fut close la paix des braves
Et s’insinua Musa si suave
Dans le harem où par centaines
Des femmes langoureuses et vaines
Attendaient que le roi caresse
A son gré leurs exquises fesses

Musa apprend
Musa amuse
Musa attend
Musa abuse
De charmes enivrants

Musa n’est pas la moins douée
Dans les chausse-trappes du harem
Musarde une danse ensorcelée
Pour atteindre le roi suprême
Rugir en sauvages étreintes
Enfin elle jouit, elle est enceinte

Musa amène
Musa attouche
Musa pleine
Musa accouche
Le fruit de ses espoirs

 

Un fils, un possible héritier,
Voilà les rivales furibondes
Des luttes sourdes sans pitié
Mais Musa trompe son petit monde
Convainc son Roi de l’élever
Au rang de Reine incontestée


Musa habile
Musa habille
Musa agile
Musa brille
Près de son roi de pacotille

Quand enfin le fils a grandi
Le père n’a pas assez vieilli
Musa aide un peu la nature
Du poison dans sa nourriture
A peine le temps de s’émouvoir
Régente elle accède au pouvoir

Musa assène
Musa amasse
Musa règne
Musa agace
Les puissants de la place

Pour parfaire ce joli tableau
Musa épouse son rejeton
Mais cette fois-ci c’en est trop
Au palais la révolution
Musa s’enfuit dans le désert
En vain les tueurs la repèrent

Musa affolée, Musa abandonnée,
Musa arrêtée, Musa avilie,
Musa abattue  Musa assassinée,
Musa agonit

Crinière de lionne et corps de rêve
Esclave à Rome toujours s’élève



Kamikaze for my queen

Une reine ? Mais laquelle ? Apiculteurs bonjour :)

Ne pas hésiter à en rajouter sur les "zzz" !

 

Je suis né dans une cellule
Qui sentait bon la cire fraîche
Un dernier coup de mandibules
Et déjà je suis sur la brèche
 
Si j’avais su que le ménage
Serait direct mon premier lot
J’aurais profité davantage
Quand j’étais nymphe et au repos
 
Kamikaze for my queen
Amicale je butine
A l'occazzze je pique

Je suis architecte à mes heures
J’ai découvert le fil à plomb
Je me pendouille avec mes sœurs
Je construits comme une obsession
 
Des hexagones des beaux costauds
Qu’inlassablement je t’accole
En des immeubles verticaux
Grenier de milliers alvéoles
 
Refrain

On me propose un baiser chaud
Un bouche à bouche et je décolle
Elle régurgite de son jabot
Le miel sucré dont je raffole
 
Mais je connais plus concentré
Pour nourrir des larves insatiables
Car le secret c’est la gelée
Tout comme ma mère elle est royale
 
Refrain
 
Je scrute le rai de lumière
Tout en bas je suis fasciné
Je passe la porte des enfers
Dehors un monde de danger

Ici tour de contrôle zélée
D’une planche d’envol confuse
Une guêpe a voulu s’incruster
On a fait déguerpir l’intruse

 

Refrain

C’est à mon tour de butiner
Les copines m’ont indiqué
A grand renfort de huit dansés
La direction à emprunter

Dans des haies picorées de fleur
Je peux me saouler de nectar
Je plonge ma langue tout au cœur
Je récolte puis je repars

Après des milliers de visites
Je ramène mon précieux butin
Les petites novices s’excitent
Quand je leur confie tout mon gain

Eh mais qui c’est ce type en blanc
Qui enfume et vole nos trésors
Menace notre mère et nos efforts
Sans hésiter dard en avant

Je pique
Une claque
Je tombe 
Je meurs

Mais je suis tellement fière
C’était ma vie de petite ouvrière
Mais elle est tellement fière…
C’était la vie d’une petite ouvrière
Kamikaze pour sa reine



Cinq arbres copains

 

Y avait cinq arbres copains
En rond au bord d’un chemin.
Un p'tit ruisseau pas loin,
Comme des airs de jardin…

Le grand chêne était si fort et puissant ;
L’érable avait l’automne flamboyant ;
Le sapin croissait trop rapidement ;
Le peuplier bruissait doux dans le vent ;
Le saule, tordu, penchait vers l’eau en pleurant.

Passe alors un bûcheron
Qui d’vait construire une maison.
Il s’dit « oho trop bon,
Un chêne pour ma maison !»

De suite, sur place, à la hache, à la scie,
Le chêne mis à nu devant ses amis,
Devint la poutre maîtresse du logis
De la famille Lepic et ainsi
Craquant, soufflant, 100 ans, le temps il défie.

Passe alors un luthier
Qui cherchait à trouver
L’arbre approprié
Pour l’instrument parfait.

L’érable avait de belles harmoniques.
Le luthier sans attendre fabrique
Un tendre violon dont l’archet lubrique
Chatouille notre érable hystérique.
Le violon tombe aux mains du gamin des Lepic.

 

C’est le temps de Noël :
 « Mon beau sapin, roi des forêts,
Que j’aime ta verdure ».

Et vlan, l' sapin est décapité.
Chargé de boules et bougies démodées
Il trône dans l' salon enguirlandé
De la famille Lepic surexcitée
Qui prépare le décor de la fête annoncée.

 

Avant cela, faut mentionner
Qu’le peuplier est débité
En allumettes affublées
D’un nez rouge à craquer.

Chêne, érable et sapin sont morts de rire
Peuplier changé en clown triste sire
Une fois craqué, s’évanouir et périr.
Le sapin desséché commence, lui, à souffrir
Pendant qu’au violon le gamin s’fait applaudir.

Une bougie allumée
Par notre ami peuplier
Soudain fait cramer
Le sapin décoré.
Le gamin épouvanté
Lâche le violon adoré.
Le chêne se sent léché
Par des flammes déchainées.
Il s’effondre brûlé
Sur le violon délabré
Qui hurle et se tait.

 

Bientôt tout n’est plus que fumée.

Restait l' saule tordu au bord du ruisseau
Qui pleurait, pleurait, pleureur, au dessus de l’eau
Et racontait alentours aux arbrisseaux
Que grandir tout beau, tout beau, il ne faut pas trop.

 

Reprise de la 1ère strophe



Ci-joint

Dans l'idéal, cette chanson pourrait être ré-écrite pour un trio, chacun incarnant l'un des 3 personnages à la 1ère personne.

 

Ci-joint
Nos extraits de naissance
Arthur Martin Clémence
Bienvenue dans l’existence

Ci-joint ci-joint ci-joint
Un peu nos vies par bribes
Sous la pap’rasse aride
Un peu nos vies par bribes
Sous la pap’rasse aride

Ci-joint
Un bulletin de notes
Arthur a les chocottes
Que ses parents chipotent

Son carnet de liaison
Martin fout le boxon
Pendable punition

Ci-joint
Le passeport de Clémence
Voyageuse en partance
Un visa pour l’immense

Refrain

Ci-joint
Une carte électorale
Arthur son idéal
C’est anti-libéral

Ci-joint
Le permis de conduire
Clémence fait vrombir
Un tacot siège en cuir

Ci-joint
La copie des diplômes
Après des études à Rome
Martin cherche mais chôme

 

Refrain

Ci-joint
Un CV détaillé
Clémence c’est trop léger
Laissez-la l’étoffer

Ci-joint
Son casier judiciaire
Quoi ma vie est pépère
Dit Arthur à sa mère

Ci-joint
La 1ère fiche de paie
Martin est dépité
Pouvoir d’achat plancher

Refrain

Ci-joint
Leur contrat de mariage
Martin aux anges s’engage
Et Clémence emménage

Ci-joint
L’acte de propriété
Arthur s’est endetté
Chez son ami banquier

Ci-joint
Le livret de famille
Chez Martin ça babille
2 garçons et une fille

Refrain

Ci-joint
Le récap de la r’traite
C’est passé tout d’une traite
Clémence en est toute bête

Ci-joint
Un avis de décès
Suite à un AVC
Arthur s’en est allé

Ci-joint
L’ultime testament
D’Martin à ses enfants
Et pour lui le bois blanc



Import export

 

Import-export
On s’évapore
Par tous les pores
Par tous les temps/flancs

Fruit de l’échange
Méli-mélange
Et part des anges

L’une fait don de son corps
L’autre de micro-têtards
Et la rencontre élabore
Un mammifère au hasard
Enchâssé à l’épicentre
D’un placenta et d’un ventre
Enceinte en la mère amie
D’un doux commerce il grandit
Avant la brusque sortie

 

Refrain

 

Ce qui est entré ressort
Au rythme où l’on se restaure
Où les flores intérieures
Assaisonnent en symbiose
De nutritives humeurs
Et force métamorphose
Cosmique cycle infini
Où s’abreuver d’énergie
Ensuite reconvertie

 

Refrain


Les va-et-vient de la vie
Notifient aux chairs vieillies
Que jamais rien n’est acquis
Sans  d'autres contreparties
Alors volontaire ou non
On s'en retourne à la terre
Valse de dépossession
Qui féconde la poussière
Au plus grand bonheur des vers